Les façadiers français évincés de la tour Saint Gobain à la défense
Les entreprises françaises de menuiserie en aluminium s'indignent d'avoir été "évincées", disent-elles, de la réalisation des façades vitrées de la tour Saint-Gobain à La Défense, par le groupe Vinci, qui leur a préféré un sous-traitant turc aux prix "anormalement bas".
"Les façadiers français évincés de la tour Saint-Gobain crient leur colère", affirme dans un communiqué mardi l'organisation professionnelle SNFA, qui représente quelque 185 entreprises qui conçoivent, fabriquent et installent des menuiseries aluminium (vérandas, fenêtres, façades).
Le groupe Vinci, en charge de la construction de cette tour de 39 étages en cours de construction dans le quartier d'affaires de La Défense, "a récemment choisi l'entreprise turque Metal Yapi" pour réaliser les façades vitrées de l'ouvrage, rapporte le SNFA.
"Les raisons de ce choix: à nouveau des prix anormalement bas !", dit l'organisation, dénonçant "un nouveau coup dur pour les entreprises françaises, une fois de plus privées d'un important marché".
Aujourd'hui Metal Yapi "ne dispose en France que d'un établissement de moins de 5 personnes qui n'est même pas affilié à la convention collective du bâtiment", affirme l'organisation.
Ainsi, selon le SNFA, "la totalité des composants des façades ainsi que la main d'oeuvre de fabrication et d'installation seront donc intégralement de provenance +hors Europe+".
"Pour nous, il est impossible de travailler, en respectant toutes les règles, dans les conditions financières imposées par les entreprises générales", de grands groupes de BTP et leurs filiales, a déclaré à l'AFP Jean-Luc Marchand, délégué général du SNFA.
"Nos façadiers vont mourir", avertit-il.
Quelque 25.000 m2 de façades vitrées doivent être réalisées sur le chantier de cette tour, conçue par le cabinet d'architecte français Valode et Pistre, dont la livraison est prévue pour le troisième trimestre 2019.
Metal Yapi, "sous-traitant de Bouygues pour les façades de l'immeuble Le Monde, a déjà défrayé la chronique en 2004", dit le SNFA.
Ce chantier avait donné lieu à "des conditions déplorables de travail et d'hébergement de ses salariés, qui ont fait polémique" dit l'organisation, qui y voit la conséquence d'"invraisemblables écarts de prix avec les entreprises françaises".
Pour le SNFA, ces cas de sous-traitance étrangère aux conséquences "désastreuses" sont "loin d'être isolés et deviennent même une pratique courante".
Ainsi la façade de la tour Carpe diem, confiée à la société chinoise Yuanda et elle aussi située à La Défense, a-t-elle souffert de "fuites importantes" qui ont nécessité un colmatage pendant plusieurs mois, rapporte M. Marchand.
Quant à la façade de la tour D2, elle a été confiée au sous-traitant Kyotec qui lui-même, "sous-traitait toute sa fabrication en Turquie" et a déposé le bilan avant la fin du chantier.
Pour le SNFA, les entreprises françaises sont "en mesure d'offrir des prestations de nettement meilleure qualité (...) à condition de recevoir une juste rémunération".